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Interview Lise Fragnière – Nutri Active

Merci à Lise Fragnière pour cette interview éclairante qui nous a permis d’explorer en profondeur le monde fascinant de la nutrithérapie et son impact sur notre santé globale.

 

Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir nutritionniste et à vous intéresser à la nutrithérapie en particulier ?

Je ne me suis jamais vraiment intéressée à l’alimentation avant ça. C’est lorsqu’un membre de ma famille nous a informé d’un cancer que j’ai commencé à me poser des questions. Comment pouvons-nous en arriver au point que le corps ne puisse plus faire valoir son pouvoir d’auto-guérison. Pourquoi, les cellules cancéreuses se divisent et se multiplient…. Tout est parti de là. Qu’est-ce que je mets dans mon organisme pour qu’il fonctionne correctement ? De là, j’ai entamé une formation de coach en alimentation et ça m’a tellement passionné que j’ai voulu continuer. Et, en avançant dans la formation, je me suis rendu compte qu’en faisant les choses correctement avec une alimentation équilibrée, le corps a le pouvoir de la santé.

 

Comment définissez-vous la nutrithérapie ?

C’est une approche qui utilise les aliments et les nutriments comme outils pour inciter la santé, prévenir les maladies et soutenir les traitements des pathologies installées. La science de la nutrition étudie les liens entre l’alimentation et la santé. Elle repose sur l’idée que la nutrition joue un rôle clé dans le maintien de l’équilibre et de la fonctionnalité du corps et qu’une alimentation adaptée peut favoriser la guérison et l’amélioration de la santé.

La nutrithérapie se base sur une compréhension approfondie des besoins nutritionnels individuels, ainsi que sur l’identification des déséquilibres ou des carences spécifiques en nutriments.

 

Comment abordez-vous la relation entre la nutrition et la santé globale de vos patients ?

La nutrithérapie est une approche qui considère la nutrition comme un moyen d’optimiser la santé et de prévenir la maladie. Il y a différentes manières d’aborder cette relation :

  • Evaluation de l’état nutritionnel du patient en prenant en compte son alimentation, ses habitudes alimentaires, ses besoins spécifiques, son état de santé et ses antécédents médicaux.
  • Conseils en matière de nutrition, sur les choix alimentaires, les habitudes de vie saines, modifications de comportements nécessaires pour améliorer la santé globale
  • La supplémentation si nécessaire, pour combler d’éventuelles carences ou répondre à des besoins spécifiques.
  • Un suivi et des ajustements, pour évaluer les progrès, apporter des ajustements sur le plan nutritionnel si nécessaire et fournir un soutien continu pour la mise en place. La nutrition étant un processus dynamique, il est important de réévaluer régulièrement les besoins nutritionnels du patient en fonction de son état de santé et de ses objectifs

 

Quels sont les principaux troubles de santé que vous traitez avec la nutrithérapie ?

En cabinet, on voit de tout mais principalement de la perte de poids, des troubles du système digestif, fatigue chronique, trouble du sommeil mais on accompagne également des troubles de la fertilité, prévention et accompagnement de pathologie, infections à répétition, etc

Dans mon cabinet, je me suis spécialisée pour les troubles digestifs et la résistance à la perte de poids.

 

Quels sont les principaux changements alimentaires que vous recommandez à vos patients pour améliorer leur santé ?

Diminuer les sucres raffinés, éviter les cuissons à haute température afin de préserver les nutriments, favoriser les bons acides gras (ratio oméga3/6/9) et éviter/limiter les acides gras trans (viennoiserie, margarine, grillade, etc), manger des aliments de saison et de la région qui sont plus riches en nutriment (sauf si sous serre), boire assez d’eau, vérifier les quantités, chouchouter son intestin avec des aliments pré et pro biotique, il y aurait tellement à dire…

 

Comment évaluez-vous les besoins nutritionnels individuels de vos patients ?

J’ai plusieurs moyens à disposition pour évaluer la situation nutritionnelle. Pour commencer, les symptomatologies qui peuvent refléter certaines carences. Ensuite, je demande un plan alimentaire d’une semaine afin d’identifier ce que le patient mange ou pas. J’ai également un questionnaire de micronutrition que le PA rempli avant la consultation et qui va me donner des indications. J’’ai également un appareil qui permet de détecter les carences au niveau tissulaire qui est très intéressant pour affiner les besoins du patient.

 

Quels sont les principaux avantages et inconvénients de l’approche de la nutrithérapie en matière de santé ?

Avantages :

  1. La prévention des maladies: elle met l’accent sur la prévention des maladies en favorisant une alimentation saine et équilibrée. Mais pas que ; on va aussi regarder les autres aspects des piliers de la santé. Le sommeil, le mouvement, le mental et la respiration.
  2. Individualisation des protocoles de traitements : chaque individu a des besoins nutritionnels spécifiques. Elle permet de personnaliser les traitements en fonction des caractéristiques et des besoins de chaque personne.
  3. Amélioration de la santé globale: en optimisant l’alimentation et en comblant les carences nutritionnelles, elle peut contribuer à améliorer la santé globale. Renforcer le système immunitaire, favoriser la digestion, améliorer la qualité du sommeil, augmenter l’énergie
  4. Approche naturelle: elle se base sur l’utilisation d’aliments entiers et de nutriments naturels pour améliorer la santé. Elle évite souvent l’utilisation de médicaments et de traitements invasifs.

 

Les inconvénients ? il n’y en a pas ahahhah

  1. Besoin de suivi professionnel: pour bénéficier pleinement de la nutrithérapie, il est important de consulter un professionnel de la santé spécialisé dans ce domaine, comme une nutrithérapie, nutritionniste ou un diététicien. Cela peut nécessiter des frais supplémentaires et un investissement en temps pour les consultations et le suivi régulier
  2. Complexité individuelle: chaque individu a des besoins nutritionnels uniques, et trouver l’approche alimentaire optimale peut nécessiter des ajustements et des expérimentations. Cela peut prendre du temps et demander une certaine patience pour identifier les aliments et les suppléments les mieux adaptés à chaque personne.

Il est important de souligner que le nutrithérapie ne remplace pas les traitements médicaux conventionnels et qu’elle doit être utilisée en complément et en coordination avec les recommandations de professionnels de la santé qualifiés.

 

Comment travaillez-vous avec les autres professionnels de santé, tels que les médecins, les psychologues et les thérapeutes, pour aider vos patients à atteindre leurs objectifs de santé ?

La communication et la coordination entre les professionnels de santé sont essentielles pour assurer une prise en charge optimale du patient. Cela peut impliquer le partage d’informations pertinentes, la tenue de réunions de cas, la consultation mutuelle et la mise en place d’un plan de traitement coordonnée.

Un psychologue peut aider à identifier des troubles du comportement alimentaire avec un soutient émotionnel, aider à résoudre les problèmes de relation avec la nourriture par exemple.

Les médecins jouent un rôle clé dans le suivi médical global du patient. Ils diagnostiquent les maladies, prescrivent des médicaments, effectuent des examens médicaux et supervisent les traitements médicaux.

La prise en charge est holistique, on doit pouvoir collaborer avec d’autres professionnels de santé car ce n’est pas qu’une question de nutrition.

 

Quel est votre conseil nutritionnel préféré pour maintenir une santé optimale ? Comment aidez-vous vos patients à maintenir leur motivation pour les changements alimentaires à long terme.

Pour moi, tout est question d’équilibre, de pouvoir se faire plaisir et ne pas être dans la frustration. C’est adopter une alimentation équilibrée et variée. Inclure une grande variété d’aliments nutritifs, fruits, légumes, céréales complètes, protéines maigres et des sources de matières grasses saines.

En ce qui concerne la motivation à long terme pour les changements alimentaires, voici quelques stratégies que j’utilise pour aider mes patients :

  • Fixer des objectifs réalistes et atteignables : Des objectifs trop ambitieux peuvent être décourageants
  • Education: expliquez les bienfaits d’une alimentation saine et les conséquences d’une alimentation déséquilibrée. Une meilleure compréhension des avantages pour la santé peut renforcer la motivation à apporter des changements positifs.
  • Suivi et encouragement : les encouragements dans leurs fixations d’objectifs tout en étant à l’écoute et en fournissant des retours positifs sur leurs réalisation.
  • Flexibilité : je les encourage à adopter une approche flexible et indulgente envers eux-mêmes. Il est normal de faire des écarts occasionnels
  • Célébrer les succès : célébrer les réussites, mêmes le plus petites, pour renforcer la motivation et la confiance en soi

 

  1. Comment mesurez-vous l’efficacité de vos recommandations nutritionnels pour vos patients ?

Il y a plusieurs moyens pour mesurer l’efficacité des recommandations.

La toute première est le ressenti du patient et comment il se sent. Je tiens compte de la rétroaction de mes patients sur leurs expériences, leurs défis et leurs succès. Leur perception de l’efficacité des recommandations nutritionnels.

L’évaluation des symptômes et du bien-être, je discute régulièrement avec mes patients de tout changement dans leurs symptômes ou leur bien être général. Cela peut inclure des améliorations de l’énergie, de la digestion, de la qualité du sommeil, de la concentration, et l’humeur etc.

Cela peut être aussi les paramètres de santé, tels que les bilans biologiques, cholestérol, glucose sanguin, pression artérielle, insulino resistance, etc. L’amélioration dans ces paramètres peuvent indiquer une meilleure santé globales dû aux changements alimentaires

Il est important de noter que les résultats peuvent varier d’une personne à l’autre et que la mesure de l’efficacité des recommandations nutritionnelles est un processus complexe.

 

Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confronté dans votre pratique dans la nutrithérapie en Suisse romande ?

Plusieurs choses me viennent en tête :

La reconnaissance et la réglementation : la profession n’est pas toujours officiellement reconnue ou réglementée, ce qui peut entraîner des limitations dans la pratique. L’utilisation du nom « Nutrithérapeute » n’est pas protégée et n’importe quelle personne peut utiliser cette dénomination. Ce qui engendre de la méfiance de la part de certains patients.

La gestion des attentes des patients : ils peuvent avoir des attentes élevées quant aux résultats de la nutrithérapie, et certains peuvent rechercher des solutions rapides et faciles. Mon rôle est d’aider les patients à comprendre que la nutrithérapie implique souvent des changements progressifs et durables du mode de vie, et que les résultats peuvent varier d’une personne à l’autres.

La collaboration interdisciplinaire : collaborer avec d’autres professionnels de la santé peut être un défi, notamment en raison des différences de formation et de perspectives. Etablir des relations de travail efficace avec les médecins, diététiciens, psychologues et autres professionnels de la santé peut être essentiel pour une prise en charge globale.

 

Comment abordez-vous la question de l’apport en protéines chez les patients qui ont des régimes végétariens ou végétaliens ?

Question très intéressante. Beaucoup de monde devient végétarien sans avoir pris le temps de comprendre l’impact des protéines sur la santé quand elles ne sont pas consommées correctement.

L’éducation sur les différentes sources végétales de protéines disponibles, telles que les légumineuses (haricots, lentilles, pois chiches), les produits à base de soja (tofus, tempeh, lait de soja), les graines (quinoa, chia, graines de lin), les noix et les graines, les produits céréaliers complets, etc. et comment les associer va être très important. J’explique comment inclure ces aliments dans leur alimentation quotidienne pour assurer un apport adéquat.

Je vais évaluer les besoins individuels en protéines de mes patients en fonction de facteurs tel que leur poids, leur niveau d’activité physique, leur âge et leur état de santé. Ensuite, je leur fournis des recommandations personnalisées sur la quantité de protéines végétales qu’ils devraient viser à consommer chaque jour pour répondre à leurs besoins.

Je souligne l’importance de la complémentarité des protéines végétales, c’est-à-dire combiner différentes sources végétales de protéines pour obtenir un profil d’acides aminés plus complet. Par exemple, la combinaison de légumineuses et des céréales (comme des haricots et du riz) ou des légumineuses et des graines (houmous et graines de sésames) pour aider à fournir une gamme plus large d’acides aminés essentiels.

Il faut veiller à ce que les patients végétariens ou végétaliens obtiennent suffisamment d’autres nutriments essentiels, tels que le fer, le calcium, la vitamine B12, le zinc, l’oméga3, etc.

 

Quel est le rôle de l’activité physique dans votre approche de la nutrithérapie pour une santé optimale ?

L’activité physique fait partie des 4 piliers de la santé qu’on ne peut pas dissocier. Je considère la nutrition et l’activité physique comme des piliers essentiels d’un mode de vie sain. L’activité physique soutient la fonction musculaire, cardiovasculaire, métabolique et mentale.

On sait également que l’activité physique peut avoir un impact sur les besoins nutritionnels individuels. En fonction du niveau d’activité physique d’un patient. On va donc répondre à ses besoins énergétiques, ses besoins en macronutriments et ses besoins en micronutriments spécifiques.

L’activité physique complète la nutrition en favorisant une santé optimale.

 

Pour plus d’informations, visitez www.nutri-active.ch
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