Interview Régis Thevenet Le Dronographe
Merci infiniment à Régis Thevenet pour cette interview captivante.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous spécialiser dans la photographie et l’opération de drones pour les domaines de l’immobilier, de l’architecture et du BTP ?
Après 18 ans comme assistant de direction dans une société d’électrochimie, j’ai ressenti le besoin de changer de voie, de me mettre à mon compte et de sortir d’un travail sédentaire de bureau pour quelque chose alliant davantage activités extérieures et créativité. Ma passion pour la photographie et les nouvelles technologies a fait le reste.
Quelle est votre formation et votre expérience en photographie et en pilotage de drones ?
Je dispose d’un brevet d’opérateur drone reconnu à l’échelle européenne depuis 2018 et j’ai aujourd’hui plus de 350 heures de vol sur toutes les catégories de drones grand public et professionnels. Je fais aussi de la photographie au sol depuis de nombreuses années.
Comment la photographie et l’utilisation de drones peuvent-elles bénéficier aux professionnels de l’immobilier, de l’architecture et du BTP ?
L’utilisation de l’imagerie aérienne apporte une dimension et un point de vue supplémentaires sur notre environnement et les sujets en milieu urbain. Les applications sont nombreuses et la qualité des capteurs embarqués sur les drones de dernière génération nous permet d’intervenir aussi bien dans les domaines de la communication visuelle (photo et vidéo) ou du suivi de chantiers que de la modélisation 3D, de la thermographie ou de l’inspection de bâtiments. Les gains pour ces secteurs sont importants, aussi bien en termes de sécurité d’opérations que de réduction des coûts.
Quels types de services de prise de vue proposez-vous dans ces domaines ?
Avec l’utilisation grandissante des réseaux sociaux, les besoins en images ont explosé. Tous ces secteurs sont en demande constante de matière visuelle à des fins de communication commerciale. La photographie de suivi de chantier va concerner davantage les secteurs du BTP et les bureaux d’architecte. Les images aériennes vont servir de support à l’intégration de maquettes 3D ou pour des visites virtuelles immersives pour des projets de promoteurs ou d’architectes. L’inspection thermographique de bâtiments est au cœur des préoccupations d’optimisation énergétiques actuelles. Ces prestations nous sont demandées par des régies immobilières ou des compagnies d’assurances la plupart du temps.
Quelles sont les différences entre la photographie traditionnelle et la photographie aérienne réalisée avec un drone ?
De mon point de vue, il n’y en a pas véritablement. Le drone reste un accessoire, certes plus complexe qu’un trépied ou une perche à selfie, mais permettant simplement d’offrir une plage supplémentaire de points de vue et cadrages dans la dimension verticale.
D’ailleurs, le cahier des charges de nos clients ne précise pas forcément vouloir du drone mais simplement les images (aériennes et/ou au sol) qui mettront le mieux en valeur le sujet ou rendront le mieux compte de l’état d’une structure ou d’un bâtiment.
Comment choisissez-vous les angles de prise de vue pour mettre en valeur les propriétés immobilières et les projets architecturaux ?
Tout découle déjà d’une discussion approfondie et d’une prise en compte la meilleure possible des souhaits et besoins du donneur d’ordre. Les critères inhérents à la photographie classique (lumière, cadrage, composition, netteté, colorimétrie, etc.) s’appliquent ensuite de la même manière aux prises de vue aériennes.
Quels équipements et technologies utilisez-vous pour garantir des images de haute qualité ?
Je travaille avec un Mavic 3 Cine équipé d’un capteur Hasselblad 4/3 pouces et un appareil photo plein format Nikon Z8. Les images brutes sont ensuite éditées dans Adobe Lightroom et exportées dans les formats spécifiques à la demande du client (réseaux sociaux, écran ou impression).
Dans le cas d’acquisitions plus techniques comme la modélisation 3D, nous utilisons un drone DJI M300 équipe d’une caméra plein format. Les images sont ensuite assemblées via des logiciels spécifiques afin de reconstruire la troisième dimension à partir d’images 2D.
Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confronté lors de la capture d’images dans ces domaines spécifiques ?
Que ce soit au drone ou au sol, la priorité avant toute question d’ordre artistique est d’assurer la sécurité du preneur d’images et des équipes au sol. La Suisse a intégré cette année la règlementation européenne en matière d’aéronefs télépilotés. Celle-ci est beaucoup plus stricte en matière de sécurisation des opérations et nous oblige à une atténuation maximale des risques aérien et au sol. Les domaines dans lesquels nous intervenons impliquent des opérations en milieu urbain, parfois densément peuplé et chaque mission est minutieusement planifiée et exécutée afin de limiter ces risques au maximum. Une fois, ces paramètres acquis, nous pouvons nous concentrer sur les aspects techniques et/ou artistiques liés à la captation des images.
Comment gérez-vous les réglementations et les autorisations nécessaires pour piloter un drone en Suisse romande ?
Comme indiqué précédemment, nous nous conformons à la règlementation en vigueur et nous appliquons toute mesure utile à la réduction du risque. Une fois la mission clairement établie et préparée, nous faisons les démarches auprès des autorités compétentes (Police Cantonale, gestionnaire d’aéroport, Office de la Nature dans les cas de vol en zone protégée).
Comment travaillez-vous en collaboration avec les clients pour répondre à leurs besoins spécifiques ?
Nous préparons de manière très poussée les shootings avec le client. D’une part, pour répondre au mieux à ses attentes, mais aussi car cela nous permet de planifier au mieux les opérations de terrain, et donc, leur mise en sécurité. Nous repérons ensemble les lieux si nécessaire et établissons la feuille de route et le plan de vol les plus adaptés possible.
Quels sont les avantages d’utiliser des images aériennes dans la promotion de biens immobiliers ou de projets de construction ?
L’imagerie aérienne apporte une dimension supplémentaire par rapport au sol et permet d’offrir une perspective nouvelle sur le bien à mettre en valeur. Les photos aériennes sont complémentaires des photos au sol et permettent d’avoir une vision globale d’un bien en complément d’éléments de détails qui auront été photographiés au sol. La conjonction des deux est très utile par exemple en architecture paysagère.
Pouvez-vous partager une expérience où vos services de photographie et de drone ont eu un impact significatif sur la réussite d’un projet immobilier ou architectural ?
Nous avons récemment réalisé les clichés d’un immeuble d’activités neuf qui a été sélectionné dans un concours d’architectes. Nous n’avons malheureusement pas encore le palmarès du concours mais nous espérons que notre travail participera de la réussite du de l’architecte sélectionné.
Quelles sont vos recommandations pour les professionnels de l’immobilier, de l’architecture et du BTP qui envisagent de faire appel à un photographe et à un opérateur de drone ?
Bien définir votre besoin : le type et le nombre d’images souhaitées, leur moyen de diffusion (réseaux sociaux, présentation, impression, autre…), la nécessité d’un géoréférencement précis. Prévoir un lapse de temps suffisant car les autorisations accordées par les autorités peuvent prendre quelques jours. Prévoir si possible un accès au bien afin de réaliser des repérages qui faciliteront les opérations intérieures comme extérieures. Les localisations au sol et le plan de vol du drone s’en verront grandement optimisés.
Comment évaluez-vous la demande actuelle pour des services de photographie et de drone dans la région de la Suisse romande ?
La demande est très clairement grandissante. La qualité des capteurs photographiques et des récepteurs GNSS embarqués sur les drones permet d’obtenir des résultats de plus en plus qualitatifs dans les différents domaines d’application (photographie, photogrammétrie, relevés LiDAR, capteurs thermiques).
La nouvelle règlementation va aussi dans le sens d’une augmentation des demandes car certains de nos clients qui captaient leurs images eux-mêmes nous disent déjà qu’ils ne veulent pas se lancer dans les processus dérogatoires couteux qui les autoriseraient à continuer à voler en milieu urbain peuplé. Ils font désormais appel à nos services sachant que l’imagerie aérienne est notre cœur de métier et que nos opérations de vol seront effectuées en respectant strictement la règlementation en vigueur.
Quelles sont vos perspectives d’avenir pour votre entreprise et comment envisagez-vous d’évoluer dans ces domaines spécialisés ?
Nous continuons à progresser rapidement sur ces secteurs grâce à la fidélité de nos clients et à de nouveaux mandats. Nous réalisons désormais aussi des prises de vue aériennes pour l’audiovisuel à la demande sociétés de production ayant des tournages en Suisse.
Nous renouvelons sans cesse notre parc de drones et de matériel au sol afin de servir au mieux les intérêts de nos clients et leur offrir la meilleure qualité de prestation possible.
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