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Interview Meylan Finance

Merci à Meylan Finance pour l’interview enrichissante qui nous permet de mieux comprendre leur vision et leur expertise dans le domaine financier.

 

Pourriez-vous nous expliquer en quoi consiste la “finance engagée” et pourquoi elle est devenue un sujet d’importance ces dernières années ?

Il s’agit d’une finance militante pour laquelle on considère que chaque franc doit être utilisé à bon escient. L’économie n’étant que de l’énergie transformée, l’argent est également de l’énergie. Et son investissement doit être en concordance avec notre verticalité, avec nos valeurs propres. La « finance engagée » comme nous entendons l’encourager chez Meylan Finance n’est pas à confonde avec la « mode » des Critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Ces critères sont trop souvent abusés et employés en tant que label soit à des fins marketing soit pour se donner bonne conscience.

 

Quelles sont les principales catégories de la finance engagée, notamment la finance responsable, la finance durable et la finance à impact, et comment les distinguez-vous les unes des autres ?

Il n’existe pas de principales catégories de la finance engagée. On est engagé ou on ne l’est pas. Les termes de finance responsable, de finance durable et de finance à impact sont fréquemment employés pour des raisons marketing ou encore pour des effets d’annonce. La finance engagée est une posture quotidienne qui invite à une profonde réflexion et à une remise en question régulière. Elle ne consiste pas à suivre les modes.

 

Comment les entreprises et les investisseurs peuvent-ils contribuer à rendre leurs investissements plus respectueux de l’environnement et des enjeux sociaux grâce à la finance engagée ?

L’action ne suffit pas. Il faut encore la communiquer. L’entreprise comme l’investisseur peuvent être des faiseurs d’opinions essentiels. Tous deux sont plus en phase avec l’économie dite « réelle » que l’échelon politique.

 

Pouvez-vous nous expliquer les critères ESG (Environnementaux, Sociaux, de Gouvernance) et comment ils sont utilisés pour évaluer les entreprises dans le cadre de la finance durable ?

Les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont des dimensions (grandes catégories) englobant les activités d’une entreprise pouvant avoir des impacts sur la société ou l’environnement. De caractère moral, ils constituent les trois dimensions principales utilisées pour mesurer la durabilité (soutenabilité) et l’impact éthique d’un investissement dans une société ou dans un domaine économique. « ESG » est un sigle international utilisé par la communauté financière pour désigner les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance qui constituent généralement les trois piliers de l’analyse extra-financière.

Ces dimensions et les différents critères associés à chacune d’entre elles aident à déterminer la contribution sociétale d’une entreprise sur chacun de ces aspects, et devraient permettre – je dis « devraient » parce que dans les faits cela ne se confirme pas systématiquement – d’élargir et d’enrichir l’analyse des futures performances financières des entreprises (rentabilité et risques).

Pour exemples, il n’y a pas plus mauvais investissement que celui dans les sociétés actives dans le photovoltaïque dans leur globalité, depuis une bonne dizaine d’années. Soit en raison du dumping opéré par le gouvernement chinois en la matière ou encore en raison d’une gestion et d’une communication déficientes comme c’est le cas chez Meyer Burger. Dans le même temps, vous avez des entreprises activent dans l’armement ou dans les jeux comme la Française des Jeux (FDJ) qui se révèlent être des placements fructueux.

 

Quels sont les avantages et les limites de la finance responsable, en particulier en ce qui concerne son efficacité dans la lutte contre le changement climatique et les inégalités ?

Au risque de passer pour un « climato-sceptique » – selon la définition politique qui est : personne qui n’est pas convaincue qu’il y ait un réchauffement climatique, ou que celui-ci soit dû aux activités humaines, je crains que nous fassions de la soit-disante urgence climatique une nouvelle religion qui va nous conduire à autant d’excès et d’abus en tous genres. Les dogmes ne sont jamais bons. En 2022, les émissions mondiales de CO2 dans l’atmosphère ont atteint les 40.6 milliards de tonnes. La Chine à elle seule en a déversé les 32.9%; les États-Unis 12.6 % et l’Inde 7 %. Quant à la Suisse … 45.2 millions de tonnes de CO2 ! Source : www.bafu.admin.ch. Soit environ un peu plus d’un millième ou si vous préférez environ 0.12% du total mondial des émissions. Pourtant, l’ensemble des partis politiques gouvernementaux n’avaient que ce mot à la bouche « urgence climatique » lors des dernières élections fédérales, en Suisse, sans même savoir en quoi cela consiste précisément. Et je n’ai vu personne militer contre la vente à distance et c’est pourtant le transport international de marchandises qui est l’activité humaine la plus polluante. Là, une fois de plus, la « finance engagée » comme l’entend Meylan Finance invite à la nuance et au discernement entre les activités dommageables pour l’humanité et pour la biodiversité telles que l’accumulation de la mer de plastique dans l’océan pacifique ou encore le gaspillage effroyable d’alimentation et les thématiques qui relèvent plus de la récupération politique et du business marketing. Quant aux inégalités, s’installer durant dix ans dans le canton de Vaud des multinationales telles que Monsanto, Yahoo!, Chiquita ou l’exploitant de minerai brésilien Vale sans le paiement d’un seul centime d’impôt va à l’encontre du concept de finance engagée. Entre ne rien payer de payer 22% comme l’artisan du coin il y a un spectre qui se doit d’être explorer.

 

En quoi la finance à impact se différencie-t-elle des autres formes de finance engagée, et pouvez-vous nous donner des exemples d’investissements à impact positif ?

Selon « Finance for Tomorrow » à Paris, « il s’agit d’une stratégie d’investissement ou de financement qui vise à accélérer la transformation juste et durable de l’économie réelle, en apportant une preuve de ses effets bénéfiques. » Dans les faits, il est question d’un slogan de plus ! De gens qui ont flairé le filon de « la mode de la bonne conscience » et de la thématique lourde qu’est « l’urgence climatique » pour exister et tenter de gagner de l’argent eux aussi dans cet environnement qui devient quasi religieux.

 

Comment la réglementation et les normes internationales influencent-elles la finance engagée, et quelles sont les implications pour les entreprises et les investisseurs ?

Les principales réglementations et normes internationales tendent vers une meilleure protection du « client-investisseur. » En appuyant sur l’évaluation des risques et sur la transparence en matière de coûts. En Suisse, l’introduction des nouvelles lois financières LSFIN et LEFIN, le 1er janvier 2020, visent ses buts. Toutefois, le « hold-up » sur la seconde banque du pays le Credit Suisse n’a pas été évité. Ce qui laisse légitimement songeur. Toutefois, les lois évoquées plus haut encouragent des prestations de service en matière de placement d’une qualité indéniablement supérieure.

 

Pouvez-vous nous présenter l’approche de votre entreprise, Meylan Finance, en matière de finance engagée et comment vous aidez vos clients à naviguer dans ce domaine complexe ?

Le patrimoine de nos clients a une histoire. Il nous incombe de l’accompagner vers un futur qui réponde aux valeurs cardinales et aux sensibilités de leurs propriétaires.

 

Quelles sont les principales questions que les entreprises devraient se poser pour intégrer avec succès la finance engagée dans leur stratégie d’investissement ?

Premièrement, quelles sont nos valeurs ? Quel est notre ADN ? Ensuite, ces mêmes valeurs sont-elles partagées avec et par nos collaborateurs; nos partenaires; par nos clients ?

Finalement, dispose-t-on d’un concept de « veille » et d’un concept « communication » pour faire de ces valeurs – nos valeurs – un état d’esprit. Une posture et une philosophie solidement adoptée. Et non un misérable effet marketing.

Rappelons, qu’ils sont nombreux les acteurs de la place qui veulent chiper un tranche du gâteau géant appelé « durabilité. »

Il y a néanmoins quelques initiatives qui ne nous semblent pas dénuées d’intérêt et que nous examinons. Telle que celle du « Swiss Stewardship Code » qui fait la promotion de « l’investor stewardship » c’est-à-dire le dialogue actif avec les entreprises et l’exercice des droits de vote des actionnaires.

 

Comment l’Union européenne et d’autres acteurs mondiaux s’efforcent-ils de promouvoir une croissance durable et de renforcer les objectifs de l’accord de Paris sur le climat grâce à la finance engagée ?

L’Union européenne (UE) ne cesse de légiférer dans le vide. C’est-à-dire sans toucher sa cible. Pire, au fil des crises, elle devient détestable. Suite à l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne en 2009, le Parlement européen a compté jusqu’à 751 députés (750 plus le président du Parlement qui n’a pas le droit de vote). Depuis le départ du Royaume-Uni le 1er février 2020, le nombre de députés est passé de 751 à 705. On ne s’attardera pas sur le coût que font peser sur la collectivité ces députés; leurs assistants; leurs maintiens économiques; le déménagement quatre fois par année de l’entier de leurs bureaux entre Bruxelles et Strasbourg mais plus tôt sur le fait que ces députés n’ont aucun pouvoir de décision ni d’édicter des textes législatifs. Ce sont les technocrates de la Commission européenne qui ne sont pas élus par le peuple qui dictent tant l’agenda que les priorités. Le tout se fait sous l’influence des lobbyistes. Que faut-il attendre d’une Commission européenne qui entraîne le vieux continent en guerre contre la Fédération de Russie au lieu de travailler en faveur de la paix ? Que peut-on attendre de cette même institution qui a lié la santé de la population européenne à l’inoculation de produits pharmaceutiques expérimentaux dans la constellation de la crise Covid-19 ?

 

Comment les particuliers peuvent-ils contribuer à la finance engagée et avoir un impact positif avec leurs investissements personnels ?

En observant et en appréhendant le monde par le spectre de leur propre système de valeurs. Souhaite-t-on participer à l’essor des entreprises pharmaceutiques qui font leur argent avec l’encouragement du changement de sexe ? Souhaite-t-on être investis dans des multinationales qui précarise les conditions du travail et de la dignité humaine comme Amazon ? Souhaite-t-on placer son épargne dans des firmes qui font de juteux bénéfices avec nos données personnelles et en encourageant le narcissisme et le voyeurisme comme le fait Meta (Facebook) ? Etc et etc

La « finance engagée » ce n’est ni du marketing ni être à la mode ou encore vouloir paraître. C’est prendre position dans le monde qui nous entoure avec l’effet de levier de nos investissements et en le faisant savoir. Sans prétention, c’est souhaiter une humanité « moins imparfaite. »

 

Pouvez-vous nous expliquer comment votre entreprise, Meylan Finance, encourage la finance engagée grâce à des produits financiers spécifiques ?

Meylan Finance organise une veille stratégique sur les thématiques stratégiques telles que les technologies environnementales mais également sur les domaines liés à la sécurité dans sa globalité et à l’intelligence artificielle (IA). Nous animons l’échange avec nos clients et le retour sur expérience. Notre publication mensuelle « Positionnement » est également un vecteur d’informations et un lien entre régulier entre nous et nos clients et nos prospects. Notre postulat est que la finance ne doit pas seulement engagée mais également instructive. Avec un cycle boursier fait de crises boursières successives et de grandes amplitudes qui nous a tous mis à rude épreuve entre 2018 et 2023 soit presque 6 ans avec seulement deux années pour reprendre notre souffle soit 2019 et 2021, notre méthode a plutôt bien résisté.

 

Quelles sont les tendances actuelles et les opportunités émergentes dans le domaine de la finance engagée, et comment les entreprises peuvent-elles rester à la pointe de ces développements ?

Les tendances et les opportunités sont indéniablement dans les technologies et les solutions qui changeront demain la vie de tous les jours. On pense au photovoltaïque; à l’intelligence artificielle; aux services et à l’accompagnement des gens du troisième et du quatrième âge que nous deviendrions tous et aussi à la sécurité. L’endettement des collectivités encourageant à sous-traiter une partie substantielle de celle-ci. Pour autant, toutes les évolutions ne seront pas bonnes à adopter. Et sur ce point, la finance engagée rencontre toute sa légitimité.

 

Comment voyez-vous l’avenir de la finance engagée et son rôle potentiel dans la transformation des marchés financiers et de l’économie mondiale ?

« La finance engagée », domaine pour lequel Meylan Finance entend s’affirmer nous invite à découvrir ou à redécouvrir un vrai libéralisme avec en plus d’une responsabilité sociale une réelle prise de conscience. Par exemple, accepter l’obsolescence programmée chez Apple et se résigner à acheter son iPhone chaque fois plus cher et pour chaque fois moins de prestations ce n’est plus du libéralisme. C’est une situation de monopole. Avec des comportements que l’on peut appréhender comme malhonnêtes. Aussi, on se doit d’ouvrir le débat quand un investisseur-citoyen compte acquérir des actions de la firme à la pomme. Profitons pour renvoyer à l’association « Halte à l’obsolescence programmée (HOP) qui avait déjà fait condamner le géant de la tech pour défaut d’information dans l’affaire dite des batteries. Récemment, cette même association a déposé une plainte contre Apple qui selon elle limite les possibilités de répartition de ses appareils. Pour privilégier l’achat de produits neufs. Voir TF1 Info avec AFP le 7 décembre 2022.

 

En conclusion, quel conseil donneriez-vous aux entreprises et aux investisseurs qui souhaitent s’engager davantage dans la finance responsable et durable ?

La « finance engagée » c’est autre chose qu’un label ou que du marketing. C’est être acteur de ses investissements. Les conseils sont appréhender les enjeux dans leur globalité; en saisir les grandes lignes. Établir ses propres critères selon sa verticalité. D’après son système de valeurs. Vous voyez il ne fait aucun sens de bannir l’industrie de l’armement parce que chaque État a le droit de se défendre. Par contre, dénoncer et ce tenir à l’écart des entreprises qui ont de mauvais comportements tels que celui de la corruption a du sens. De même, il est déconseillé d’investir dans des actions du monde du football au travers des clubs cotés à la bourse tels que Borussia Dortmund; la Juventus; Manchester United ou encore l’Olympique lyonnais. D’une part, ce sont de très mauvais placements boursiers. D’autre part, l’inflation des rémunérations de leurs stars est en plus d’être intenable est indécente. C’est cela « la finance engagée ». C’est une responsabilité sociale et éducative.

 

Visitez le site Internet de Meylan Finance : www.meylan-finance.ch